La Métrite Contagieuse des Equideés (MCE) est une maladie assez rare mais pouvant avoir un impact sanitaire et économique considérable chez les éleveurs et étalonniers.
La métrite contagieuse équine (MCE) est une maladie bactérienne contagieuse, qui affecte les équidés principalement lors de la reproduction.
Elle est transmise par voie vénérienne et est due à la bactérie Taylorella equigenitalis qui cible les cellules de l’endomètre. La bactérie pénètre ainsi dans ces cellules, se réplique de façon plus ou moins importante et provoque une endométrite purulente.
Cette maladie sexuellement transmissible est classée comme maladie de Danger sanitaire de deuxième catégorie à déclaration obligatoire selon le Décret n°2012-845 du 30 juin 2012, Arrêté Ministériel du 29 juillet 2013.
La bactérie responsable de la MEC n’est présente que dans les sécrétions génitales. Ainsi, la maladie se transmet par saillie ou insémination artificielle, ou par le matériel ou le personnel en contact avec l’appareil génital des juments et étalons.
L’incubation est de 2 à 5 jours après la saillie infectante.
Chez les juments
La MEC est souvent innaparente. Elle peut se traduire par une inflammation de l'endomètre, des pertes vulvaires gris-blanchâtres et des cycles ovariens un peu raccourcis.
La bactérie est présente pendant la phase aigue de l’infection mais peut aussi persister de façon chronique dans les sinus clitoridiens jusqu’à la saison de monte suivante ou dans l’utérus pendant la gestation.
Chez les étalons
Il n'y a pas de signes cliniques apparents. Ils sont porteurs sains de la maladie. La MEC se traduit alors sous forme d'affection locale qui se limite à l'appareil génitale.
La bactérie peut demeurer jusqu'à 6 mois au niveau du prépuce externe, du méat urinaire ou dans le liquide pré-éjaculatoire.
Ce sont donc ces animaux, porteurs sains, qui constituent le principal danger dans la transmission de la MCE puisque elle est difficilement perceptible.
La MEC est difficile à diagnostiquer du fait du portage asymptomatique d’un certain nombre d’animaux qui véhiculent l’infection.
Il est donc nécessaire d'effectuer des prélèvements en vue de la recherche de la bactérie Taylorella equigenitalis pour déterminer si l'animal est affecté ou non.
Chez l’étalon
Le prélèvement est fait par écouvillonnage de la fosse urétrale (ou dans certains cas sur le fourreau, l'urètre, le liquide pré spermatique ou le sperme)
Chez la jument
Le prélèvement est fait par écouvillonnage sur les sinus et la fosse clitoridienne (ou dans certains cas au niveau du col utérin)
Le prélèvement doit ensuite être rapidement transporté dans un laboratoire agréé pour examen. L'examen de laboratoire est un examen bactériologique, immuno-logique ou biologique.
Identification de la bactérie après culture
Identification directe par immuno-fluorescence
Identification par PCR (Polymerase chain reaction) : méthode biologique d’amplification d’ADN in vitro
Sans traitement, la jument peut éliminer d’elle-même la bactérie de son utérus et reprendre son activité de reproduction au bout de quelques cycles. Cependant, pendant plus d'un an, elle restera porteuse de la bactérie au niveau du clitoris et pourra donc contaminer d'autres chevaux ou son poulain.
Pour une jument vide
Lavages utérins
Antibiotiques dans l’utérus (amoxiciline, colistine, gentamicine à dose identique à celle utilisée par voie générale diluée dans 100 à 200 ml d’eau distillée)
Désinfection du clitoris (povidone iodée ou chlorhexidine diluée), 1 fois/j pendant 4j
Pour une jument pleine
Désinfection du vagin et du clitoris dans les jours qui précèdent le poulinage (pendant 4j)
On se limite à la désinfection pour ne pas prendre le risque de faire avorter la jument
Pour un étalon
Lavage et désinfections de la verge, de la fosse urétrale et du fourreau 4 fois à 24h d'intervalle selon le protocole suivant :
Lavage de la verge, de la fosse urétrale et du fourreau à l'eau tiède et savon de Marseille
Rinçage à l'eau tiède avec une douchette
Désinfection en alternant Chlorhexidine (diluée 1/1000) et Povidone iodée (diluée 1% final)
Rinçage à l’eau tiède avec la douchette
Séchage avec du papier absorbant
Antibiothérapie grâce à de la pommade à la gentamicine 24h après le dernier traitement
Lavage à l’eau tiède et au savon
Arrêt du traitement en cas d’irritation de la verge
Vérification de l’efficacité du traitement par prélèvements sur plusieurs sites (au moins 7j après la fin du traitement, renouvelement après 15j et nouveaux examens)
Retour de l’étalon à la reproduction si les premiers résultats sont négatifs
La réglementation de la métrite contagieuse équine a beaucoup évolué ces dernières années. Son classement comme maladie de Danger sanitaire de deuxième catégorie à déclaration obligatoire permet d'en suivre l'évolution. En effet, les détenteurs d’animaux, vétérinaires ou laboratoires d’analyses doivent déclarer à la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP) chaque cas positif.
Depuis 2006, les stud-books de chaque race fixent les conditions sanitaires que doivent respecter les animaux utilisés pour la reproduction. Tous les individus reproducteurs ne sont donc pas forcément dépistés. Les dépistages sont obligatoires dans certains stud-books, recommandés dans d'autres.
Le dépistage est obligatoire pour les races Pur-Sang (PS), AQPS, Trotteur Français (TF), Arabe (AR) et Demi-Sang Arabe, Selle Français (SF), Anglo-Arabe (AA), Mérens, cheval Corse, Shagya, Poney français de selle (PFS), New Forest, Haflinger, Connemara, Welsh et les étalons utilisés en insémination artificielle, quelle que soit la race.
Protocole de dépistage pour les races autres que PS et AQPS
Prélèvement : fosse urétrale
Bactérie recherchée : Taylorella
Méthode : culture ou immunofluorescence
Résultat attendu : négatif
Fréquence : chaque année après le 1er décembre et avant la première saillie.
Il n'existe aucune obligation pour la monte naturelle pour les races autres que Pur-Sang et AQPS
Protocole de dépistage pour les PS et AQPS
Prélèvement : fosse urétrale ou fosse du gland
Bactéries recherchées : Taylorella, Klebsiella et Pseudomonas
Méthode : culture ou immunofluorescence ou PCR
Résultat attendu : négatif
Fréquence : chaque saison après le 1er décembre et avant la première saillie.
Protocole international PS
Recommandations communes aux 5 pays signataires (Allemagne, France, Irlande, Italie, Royaume-Uni)
Prélèvement : urètre, fosse urétrale, fourreau, liquide pré-éjaculatoire
Fréquence : après le 1er janvier et avant le début de la monte,
Peu importe le protocole, en cas de résultat positif il est fortement recommandé d'effectuer un typage capsulaire de Klebsiella pneumoniae ainsi qu'un traitement adapté prescrit par le vétérinaire.
Protocole pour l'exportation de semence vers l’UE
Prélèvement : fourreau, fosse urétrale, urètre, sperme (ou liquide pré éjaculatoire).
Méthode : culture pendant 7j réalisés sur les 4 sites
Fréquence : 2 séries de tests à 7j d’intervalle réalisé avant la première collecte de chaque saison. Dans le cas où l'étalon donneur ne réside pas en permanence dans le centre de collecte agréé ou si des équidés du centre sont entrés en contact avec des équidés de statut inférieur alors les tests devront être renouvellés tous les 60j.
Le dépistage est obligatoire pour les juments saillies par un étalon produisant en races PS, AQPS, Arabes et Anglo-Arabes course s'ils respectent le protocole sanitaire "label course" et que l'étalon n'est pas exploité en IA
Protocole de dépistage pour les PS et AQPS
Prélèvement : sinus clitoridien et/ou fosse clitoridienne
Bactéries recherchées : Taylorella, Klebsiella et Pseudomonas
Méthode : culture ou immunofluorescence ou PCR
Résultat attendu : négatif
Fréquence : chaque saison après le 1er janvier et avant la première saillie.
Ce protocole sanitaire correspond au protocole minimal obligatoire du stud-book PS/AQPS en France. Certains haras de PS en France peuvent demander l’application du protocole international pour les juments venant à la saillie de leurs étalons.
Protocole international PS
Juments « à bas risque » : pleine et suitée
Prélèvement : sinus clitoridien, fosse clitoridienne, col utérin
Bactéries recherchées : Taylorella, Klebsiella et Pseudomonas
Méthode : culture
Résultat attendu : négatif
Fréquence : chaque saison après le 1er janvier et avant la première saillie, à moins de 30j du poulinage ou après le poulinage
Juments « à bas risque » : vide ou maiden
Prélèvement : sinus clitoridien, fosse clitoridienne
Bactéries recherchées : Taylorella, Klebsiella et Pseudomonas
Méthode : culture
Résultat attendu : négatif
Fréquence : chaque saison après le 1er janvier et avant la première saillie
Juments non considérées comme "à bas risque" (provenant de lieu affecté au cours des 12 derniers mois, ou ayant visité ou été saillies par des étalons hors France, Allemagne, Irlande, Italie et Royaume-unis) et juments "à haut risque" (ayant été positives à la MCE ou saillies par un étalon infecté au cours des 2 dernières années)
Prélèvement : sinus clitoridien, fosse clitoridienne, cervical au moment d'une chaleur
Bactéries recherchées : Taylorella, Klebsiella et Pseudomonas
Méthode : culture
Résultat attendu : négatif
Fréquence : 2 écouvillonnages à au moins 7j d'intervalle
Isolement : à l'arrivée au Haras
En savoir plus Demandez une démo
La MEC peut provoquer une chute de fertilité chez la jument et étant très contagieuse, elle se transmet très rapidement dans le harem d’un étalon. En effet, en monte naturelle, une jument infectée transmet la bactérie à l’étalon, qui la transmet ensuite à toutes les autres juments qu’il saillit (ou qui sont inséminées avec sa semence).
En cas de résultat positif, certaines mesures sont à prendre par les structures telles que :
Le recensement des équidés en contact avec l'animal infecté grâce à une enquête épidémiologique
Un dépistage des équidés ayant été en contact avec un animal infecté pour une saillie, une insémination, ou dans un haras
Un isolement de l'élevage
Un arrêt de la monte
Un traitement pour les équidés infectés
Une désinfection des locaux mais aussi du matériel (matériel gynécologique, de pansage etc..)
Un contrôle de la bonne efficacité du traitement avant la reprise de la monte
L'arrêt de la monte pour un étalon a un impact économique considérable pour un étalonnier. De plus, pour les éleveurs, une jument affectée est une jument qui ne pourra pas produire de poulain sur la saison.
La MEC peut donc représenter une perte économique importante pour les acteurs de la reproduction équine.
Afin d'éviter que cette maladie ne s'installe dans sa structure, des mesures d'hygiène de la monte sont à respecter :
Ne pas faire saillir de jument présentant des écoulements vulvaires.
Ne toucher les organes génitaux des juments et étalons qu’en portant des gants à usage unique (changer de gant entre chaque animal).
Aucun matériel ne doit entrer en contact direct entre les organes génitaux d’animaux différents.
Ne saillir que les juments dont les tests sont négatifs (non obligatoire selon les stud-books mais recommandé)
En savoir plus Demandez une démo